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Intimes convictions

20 septembre 2020

Coup d'épée dans le CO2

Salut les amis,

Je me suis décidé à créer ce blog pour exprimer mes diverses reflexions sur la société et sur notre environnement. Je prépare un article sur la Covid, son origine et ses conséquences. Mais d'ores et déjà, je soumet à votre sagacité un article que j'ai écrit en novembre 2000. Je vous laisse juge de ce que j'écrivais il y a 20 ans, déjà.

 

COUP D'EPEE DANS LE CO2

Le climat est en train de changer à cause du réchauffement de notre planète. Et pour la première fois depuis que le monde est monde, ce phénomène est la conséquence directe des activités humaines.

Aujourd’hui cet état de fait est connu de tous et admis par une majorité ; il suffit en cela de lire la une de la quasi-totalité des quotidiens et magazines suite aux premiers effets sensibles de ce bouleversement que représentent les événements météorologiques atypiques qui ont pu être observés en divers endroits du globe ces deux dernières années.

Les éléments qui me paraissent les plus angoissants dans cette prise de conscience sont les grandes lacunes humaines en matière de connaissances des équilibres météorologiques fondamentaux, la méconnaissance absolue des différentes interactions possibles et la fiabilité très aléatoire des modèles de prévision.

Les questions qui devraient se poser à l’esprit de tout un chacun sont : existe-t-il un point de rupture au-delà duquel le processus enclenché deviendra irréversible ? Est-il possible que cette limite de non-retour soit déjà franchie ? Et dans la négative, que faire pour éviter l’échéance ?


Ces interrogations ne pouvant déboucher, en l’état actuel de la science, sur aucune certitude, nous aurions tort, pourtant, de nous raccrocher aux postulats bien établis dans l’inconscient collectif qui portent à faire croire que l’humanité est indestructible, et que le génie de l’homme a toujours su, face à l’adversité, trouver des remèdes.


Il faut nous rendre à l’évidence, la possibilité que la vie sur terre disparaisse totalement du fait de notre pollution est bien réelle.

 

Il faudrait également admettre dans nos schémas de pensée, que cette probabilité est peut-être imminente.


Bien entendu, les spécialistes et leurs modèles mathématiques laissent un peu plus de répit à mes contemporains. Selon les dernières estimations la terre devrait se réchauffer de 1,5° à 6° au cours du prochain siècle. Mais le fait même qu’il y ait autant d’écart entre la prévision la plus basse (1,5°) et la prévision la plus haute (6°) me fait douter de la pertinence même de cette extrapolation.

Il y a cinq ans à peine les projections modélisées des mêmes spécialistes concluaient à une fourchette comprise entre 1° et 3°. C’est à dire qu’en cinq ans la prévision la plus pessimiste a tout simplement doublé. C’est dans cet état d’esprit que j’appréhende les prévisions futures des savants.

Je me demande aussi comment il est possible de se livrer à des projections portant sur un siècle alors que nous ne connaissons ni le niveau, ni les incidences de la démographie mondiale en l’an 2100. Au rythme actuel de l’accroissement de la population planétaire, nous serons 15 milliards en 2030, Le monde pourra t-il subsister à cet autre fléau ? Certes non !


Quoiqu’il en soit le réchauffement du globe et ses conséquences climatiques ne sont pas les seules incidences de notre pollution atmosphérique. Personne ne se pose la question de savoir si nous aurons toujours assez d’oxygène pour respirer.


Il va de soi que mes propos paraissent catastrophistes à la plupart de ceux qui me liront. Il n’empêche que le fait que nous soyons actuellement en train de jouer notre avenir à la roulette russe est loin d’être une hypothèse de science-fiction.

 

Ce qui me paraît le plus absurde dans le constat qui peut être fait aujourd’hui est que depuis plusieurs décennies déjà, le danger qui plane sur la terre est connu des scientifiques.


Depuis quarante ans déjà des voix se sont élevées, vite étouffées par les intérêts électoralistes à court terme des politiques, la recherche immédiate du profit des lobbies financiers et des marchands du temple et la ruée égoïste vers le confort matériel des autres quidams des pays dits développés.


Pourtant, le problème est bien posé au niveau des gouvernements mondiaux depuis une dizaine d’années, sinon pourquoi les sommets de RIO, de KYOTO et de LA HAYE aujourd’hui.


Mais la plupart des chefs d’états actuels sont plus de pâles démagogues dont les décisions fluctuent au gré des caprices de leurs électeurs, que des chefs visionnaires, ouvrant des voies, sachant convaincre et faire appliquer.
Il y a fort à craindre que la conférence de LA HAYE n’accouche d’une crotte de souris. 


Les gaz à effet de serre n’ont jamais atteint le niveau actuel depuis 430.000 ans au moins. On parle aujourd’hui de réduire globalement d’ici 2008 à 2012 le taux des gaz émis de 5,2% par rapport aux taux connus en 1990. Or, l’émission des gaz en 1990 atteignait déjà sans aucun doute des niveaux trop élevés. Alors que représente cette petite restriction de 5,2% que du reste les différents pays impliqués auront du mal à atteindre ? Une insignifiance, bien sûr !

 

Il tombe sous le sens que seules des mesures visant à un équilibre entre le taux des gaz émis et le taux des gaz absorbés par ce que les spécialistes appellent les « puits de carbone » tels les océans, les forêts et les marécages pourraient éventuellement écarter la catastrophe qui nous guette. Mais quand on sait ce que pense le probable président de la nation la plus pollueuse du monde, les Etats Unis d’Amérique, on est en droit de craindre le pire quant à la portée réelle de la conférence de LA HAYE.


Il ne faut pas se leurrer, outre mesure, le réchauffement dont nous commençons tout juste à ressentir les premiers effets est la conséquence immédiate de la société de consommation et de son corollaire la sacro-sainte croissance.


Il faut arrêter de faire croire aux citoyens des pays industrialisés que croissance et bien-être matériel sont des droits acquis qui se doivent d’être perpétués. Car si la croissance des humains ne peut se passer de la terre, la terre, elle, peut très bien se passer des humains.


Pour ma part, j’ai l’intime conviction que si nous voulons conjurer les effets pervers du cataclysme que nous sommes en passe de déclencher, il nous faut dès à présent modifier totalement, à la fois notre mode d’existence ainsi que notre vision profonde des pays émergeants ou pauvres.


L’individu se trompe lorsqu’il a la conviction que sa participation personnelle à la dégradation de la planète est insignifiante. Le commun des mortels est l’oméga du cycle de la consommation. Si chaque homme pris dans son individualité a la lucidité et le courage de refuser de consommer plus qu’il n’est nécessaire à son existence, alors la fabrication des produits superflus cessera et l’émission des gaz à effet de serre chutera de façon significative.

 

L’homme doit dès maintenant concevoir que sa bagnole n’est pas seulement un vecteur de confort et de liberté qui lui permet de se déplacer rapidement d’un point à un autre, mais que c’est aussi une micro-usine de mort qui transforme à chaque utilisation une roche en gaz toxique. Que chaque homme sache qu’aucun de ses déplacements à bord de son automobile n’est anodin, car se sont bien les gaz liés aux transports qui tiennent la première place au hit parade de la pollution atmosphérique, tout en gardant à l’esprit que le simple fait de se séparer de son véhicule personnel ne suffira sans doute pas à éradiquer le mal.


Pourtant à chaque fois qu’un contemporain mettra son engin mécanique à la casse, chaque fois qu’il saura limiter sa vitesse, chaque fois qu’il éteindra une lumière superflue, chaque fois qu’il préfèrera s’habiller plus chaudement plutôt que de tourner le thermostat de son chauffage, chaque fois qu’il préfèrera se raser au couteau plutôt que d’utiliser des lames jetables, chaque fois qu’il utilisera une pierre au lieu d’un agglo, chaque fois qu’il achètera un tournevis à la place d’une visseuse électrique, chaque fois qu’il fauchera son gazon plutôt que de pousser une tondeuse électrique ou mécanique, chaque fois qu’il reprisera une chaussette au lieu de la jeter et de la remplacer, chaque fois qu’il achètera un bien durable, chaque fois qu’il se passera du superflu, alors peut-être à chaque fois une nouvelle chance de sauver la planète s’ajoutera.


Tout ceci suppose une prise de conscience collective et la mobilisation de tous. L’air du temps n’est plus à la croissance à tout prix, mais à la DECROISSANCE, dans une première phase au moins, et au partage, tout en stimulant la recherche de technologies de substitution non polluante.
En effet, cette notion de partage et de solidarité qui était l’apanage des ONG humanitaires doit devenir maintenant une obligation incontournable pour tous, car si nous voulons vraiment combattre le fléau qui se profile, il faut faire fi du concept de nationalisme qui sied si bien aux « imbéciles heureux qui sont nés quelque part ».

 

L’enjeu est mondial, le défi est planétaire. Et il nous faut impérativement surmonter nos égoïsmes ataviques et aider les pays démunis à combattre l’effet combiné de leurs pollutions et de la croissance endémique de leurs populations.


Je suis persuadé que la sauvegarde de nos espèces passe à la fois par l’acceptation d’une politique transitoire de décroissance et par une solidarité sans précédent entre les individus de toutes les nations.


Je crains, cependant, fort de passer pour un oiseau de mauvais augure, et j’ai bien peur que, malgré tout, l’égoïsme et la cupidité des hommes ne nous entraînent  rapidement au chaos, mais «  il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer ».


FORBACH le 17 novembre 2000.


Francis, 


Contemporain de l’éphémère

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